POURQUOI CONTINUER A RECRUTER, POSTULER L’ETE ?

In Gerontonews.com, juillet 2016

Si certains secteurs connaissent une baisse de leur activité durant les deux mois d’été, ce n’est pas le cas en Ehpad où celle-ci se révèle plutôt soutenue. De fait, la belle saison s’avère une période active sinon propice aux recrutements. Les établissements employeurs – dont les services RH assurent une continuité de service – comme les postulants peuvent largement tirer parti de cet intervalle estival singulier avant le grand rush de la rentrée.

Généralités

En Ehpad, été ne rime pas avec repos ni baisse de l’activité, loin s’en faut. En cause, le surcroit de travail notamment induit par la dispensation régulière de rafraîchissements aux résidents afin de maintenir leur bonne hydratation en période de fortes chaleurs et le départ des personnels titulaires qui engendre moins de fluidité dans l’activité. En outre, une continuité des soins et de gestion doit être maintenue. Les établissements employeurs doivent donc déjà « réussir à recruter pour remplacer les personnels en congés » explique Elise Papon-Jorcin, responsable recrutement à la DRH du groupe Orpea. Outre « ces recrutements à court terme », ils doivent aussi, à l’instar du reste des entreprises, anticiper et poursuivre leurs recrutements en CDI pour des postes à pourvoir dès la rentrée. Certes, « le nombre de candidatures est en baisse, mais nous poursuivons les entretiens pour constituer les équipes des établissements qui ouvriront d’ici la fin d’année et également pour des postes de direction » et notamment ceux « de jeunes profils qui sortent des écoles pour des postes d’adjoints de direction ». Et de poursuivre : « Nous recevons de nombreuses candidatures spontanées pour de la vacation ou sur des postes ouverts de la part de jeunes diplômés infirmiers par exemple ; les personnes préparent leur rentrée ». « On reçoit systématiquement toutes les candidatures spontanées notamment pour les métiers en tension afin de se constituer un vivier » renchérit de son côté Claire Bouloc, responsable du pôle ressources humaines du Groupement de coopération social et médico-social Palaios (12). Les recrutements ne s’arrêtent donc pas en cette saison. Toutefois, « les process/circuits peuvent prendre un peu plus de temps » pointe la responsable RH du groupe Orpea même si leur continuité est assurée. Un avis partagé par sa collègue de l’Aveyron pour laquelle « il y a toujours une continuité de service ».

Pour les secteurs où l’activité est moins soutenue, la tendance est globalement similaire : ralentissement ne veut pas dire arrêt. « Si les offres d’emploi sont traditionnellement en baisse durant l’été, 60 % des entreprises restent néanmoins ouvertes et doivent trouver des remplaçants pour des postes à pourvoir en septembre suite à des démissions ou des promotions internes tombées en juin. Chez Cadremploi, des annonces nous arrivent pour des prises de poste dès la rentrée et les recruteurs veulent faire passer des entretiens pendant l’été. Ils sont même prêts à un premier contact par Skype si le candidat est déjà en vacances. Et aussi à leur consacrer davantage de temps. Les postes à pourvoir sont certes moins nombreux, mais les candidats aussi. Continuer de postuler durant cette saison s’avère donc un excellent moyen de sortir du lot !», commentait Sylvia Di Pasquale, rédactrice en chef de Cadremploi en juillet dernier.

Une stratégie gagnant pour les employeurs…

– Rien ne sert d’attendre. Eh oui en matière de recrutement la procrastination n’a pas lieu d’être. Si un employeur a prévu de recruter, il ne lui sert à rien d’attendre le mois de septembre et la rentrée, période toujours très dense à tous égards, pour s’y mettre. Au contraire, l’été peut lui permettre de sélectionner les candidats dans un climat plus serein puis d’embaucher dans la foulée afin d’être opérationnel au plus vite. Et cela évitera en prime une charge de travail accrue et de potentielles tensions délétères pour les équipes en poste et le climat général de l’établissement.
– Attirer les jeunes diplômés. L’été est une période à ne pas négliger pour les établissements ciblant le recrutement de jeunes diplômés frais émoulus de leurs écoles. Plus ils s’y prendront tôt, plus ils auront l’opportunité de capter les meilleurs candidats des dernières promotions.
– Devancer la concurrence. Certains profils sont très recherchés. C’est le cas par exemple des cadres de santé, infirmiers coordonnateurs, médecins, psychologues et ce d’autant dans certaines zones géographiques quelque peu “défavorisées”. Les employeurs souhaitant embaucher ce type de profils et/ou situés dans ces territoires souvent isolés et moins prisés par les candidats ont donc tout intérêt à devancer leurs “concurrents” en effectuant leurs recrutements durant cette période.

… comme pour les postulants

– Des recruteurs plus disponibles et accessibles. Le rythme moins soutenu pendant cette période permet aux recruteurs d’être plus disponibles (moins de réunions, moins de RDV) et potentiellement plus réactifs quant à la prise de décision. Ils sont aussi – parfois – plus facilement joignables (pour des relances de candidatures par exemple), le filtrage téléphonique étant moins draconien et les mails moins nombreux.
– Moins de concurrence. En juillet/août, il y aurait près de 60% de candidatures en moins par rapport au reste de l’année. Qu’elles soient spontanées ou qu’elles répondent à une offre, les candidatures adressées durant cette période ont donc de fait plus de chance d’être prises en considération.
– Pas besoin d’être chez soi. Nouvelles technologies obligent, les postulants n’ont pas forcément besoin d’être chez eux pour effectuer leurs recherches et postuler. Eux aussi peuvent profiter d’un autre environnement pour se ressourcer… et trouver l’inspiration pour leur prochaine lettre de candidature ! Tablettes, smartphones, ordinateurs portables et connexion wifi suffisent en effet pour rester en veille, consulter les sites d’annonces en ligne, “checker” les alertes mails et répondre depuis presque partout sur le territoire national et même depuis l’étranger pour peu que l’on ait anticipé un tant soit peu les modalités de son forfait téléphone/internet en Europe ou à l’international.
– Des postes de remplacements en intérim ou CDD saisonniers. Une chose qui peut venir à l’esprit lorsqu’on associe les mots “travail” et “été”, c’est l’intérim ou l’emploi saisonnier. Bien sûr que beaucoup d’employeurs du secteur médico-social font appel à ce genre de contrats pour leurs remplacements, nombreux pendant la période estivale et pour tous types de postes (aide-soignant, infirmier, aide médico-psychologique, ergothérapeute…). L’occasion pour les postulants de développer leur employabilité en diversifiant leurs expériences et compétences, et pourquoi pas de décrocher dans un second temps un emploi en CDD ou un CDI à la rentrée ou dans les mois qui suivent si une opportunité se présente. « Nos remplacements sont anticipés en cours d’année. Nos stagiaires (AS, AMP, IDE mais aussi Bac pro ou général) constituent notre vivier. Ils sont recrutés après la période de formation, soit dans le cadre des vacances scolaires, soit en fin de formation. Nous proposons par exemple aux stagiaires AS des CDD longue durée sur tout l’été sachant qu’ils ont déjà eu en amont une belle immersion. […] Nous travaillons aussi avec les emplois d’avenir offrant ainsi une présence surnuméraire non négligeable en cette période estivale difficile » explique Claire Bouloc.
– Réactiver son réseau. L’été est une période propice pour réactiver/remobiliser son réseau, alors plus disponible pour une pause déjeuner, un appel téléphonique, des échanges de courriels (via les réseaux sociaux aussi)… Peut-être là encore l’occasion pour les postulants d’accéder à une piste d’emploi encore confidentielle.

Repères/en chiffres

– Les aides-soignants font partie du top 10 des métiers les plus recherchés en 2016, avec près de 46 332 projets, dont près de 35 000 non saisonniers. A contrario, les médecins et autres professionnels paramédicaux font partie du top 10 en part de recrutements difficiles. Le nombre de projets de recrutements d’infirmiers se situe autour des 20 000 surtout en Ile-de-France, Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Auvergne/Rhône-Alpes et Paca (Source : enquête Besoins en main d’œuvre – BMO 2016, pôle emploi).
– Cette année, les établissements des secteurs de la santé et de l’action sociale prévoient sensiblement le même nombre d’embauches de cadres qu’en 2015, soit entre 10 700 et 12 000. Les opportunités d’emploi sont concentrées dans quelques régions : Ile-de-France (35 %), Auvergne/Rhône-Alpes (13 %), Hauts-de-France (9%), Grand est (8%) et Pacac (7%). (Source : Apec, Perspectives de l’emploi cadres 2016, base offres d’emploi 2015)

Cliquez ici pour en lire l’article sur geontonews.com

https://www.gerontonews.com/nlstory.php?story=CZ9OAMFAC